de Robin Hunzinger
Une nuit de novembre 1977, dans le bassin minier alsacien, Isabelle Fisch disparaît sur le chemin de l’arrêt de bus. Elle a dix-neuf ans, elle milite, elle écrit des lettres pleines de projets. Six semaines plus tard, son corps est retrouvé dans une forêt : violée, battue, laissée agonisante dans le froid.
L’enquête piétine, les pistes se contredisent, et bientôt la rumeur inverse les rôles : la victime devient coupable. En 1982, l’affaire est classée sans suite. Isabelle disparaît une seconde
fois, effacée cette fois par la justice et par la mémoire collective.
Quarante-sept ans plus tard, des voix se lèvent encore pour la rappeler : la sœur qui garde ses lettres, l’écrivain qui traque les mensonges, le journaliste qui n’a jamais lâché l’affaire, l’avocat qui dénonce les failles judiciaires. Tous portent une part de son histoire.
Ce film révèle comment certaines vies sont effacées deux fois : par la mort, puis par l’indifférence. Aujourd’hui, il est temps de lui rendre une voix, de transformer ce silence en récit.
LE RÉALISATEUR
Après des études d’Histoire et d’Histoire de l’art à Strasbourg, Robin Hunzinger suit des études de Cinéma à Jussieu avec Jean Douchet, Jean Rouch et Bernard Cuau.
Il réalise des films documentaires autour de l’histoire, de la guerre, des traces de la mémoire, de l’homme face à l’impensable et de la nature. C’est est un homefilmaker. Il écrit, lit,
re-filme, scanne, recadre, retraite, enregistre, monte et remonte. Seul (souvent) dans son studio aménagé dans les Vosges. C’est aussi un chercheur d’or : il réutilise et réinterprète des images
existantes, qu’il retravaille pour faire émerger de nouveaux récits, souvent autour des traces laissées dans la mémoire collective ou individuelle. Son travail se met au service d'une
réflexion sur la transmission, l’oubli et les traces. Il fouille les strates du passé pour en faire jaillir des récits fragmentés, recomposant l’histoire au plus près de l’expérience
sensible.
Ses films ont été présentés dans de nombreux festivals en Europe, en Amérique du Nord et en Asie : Cinéma du réel (Paris), DOCAVIV, (Tel Aviv) DOK.fest Munich, Doxa (Vancouver), É Tudo Verdade
(Sao Paulo), États généraux du film documentaire de Lussas, FIDBA (Buenos Aires), IFFR (Rotterdam), Joburb film festival (Johannesburg), Thessaloniki international film festival. Ils ont été
projetés dans des Musées comme le SFMOMA (San Francisco).
Sa démarche autour des archives lui a valu une reconnaissance internationale, particulièrement avec le Beeld en Geluid ReFrame Award for Best Creative Use of Archive à l’IDFA en 2021. Il a obtenu trois étoiles de la SCAM (2007, 2008, 2018), mais aussi le Grand prix du festival Traces de Vie en 2008, le Ahmed Attia Award au MEDIMED en 2011, le Prix international FREEDOM au Luxor African film festival, le prix du film d’éducation 2019 au festival international du film d’éducation (Evreux), le Grand Prix Écrans Mixtes Mastercard à Écrans mixtes en 2022 et le Best Editing award au RIDFF en 2022. En 2025, il commence à adapter ses films en performances live (Ultraviolette au Théâtre national populaire de Villeurbanne).